Cela faisait plusieurs jours déjà qu'elle avait quitté Miyerkules et la chaleur rassurante de son café. Avec ses économies, elle avait réussi à subsister relativement facilement sur le chemin, se nourrissant de quelques provisions qu'elle avait amené avec elle... Mais Pandore était fatiguée du voyage... Elle qui n'avait jamais vraiment eut l'habitude de bouger comme les dresseurs le faisaient, elle sentait le voyage lui peser chaque minute un peu plus dans les membres. Quand elle était trop épuisée, elle s'arrêtait et priait Hélix de lui donner la force de continuer, et rapidement, elle avait quitté les terres gelées de Boréalis pour un climat plus clément à Centralis.
Elle avait déjà vaguement visité Centralis. Là, elle avait rencontrée une petite fille sauvage bien étrange... Elle avait également récupéré quelques baies que Lore l'avait, plus tard, aidé à faire pousser. Mais aujourd'hui, tout lui semblait différent. Elle n'était plus là à cueillir les meilleures baies pour les faire pousser à Miyerkules et en faire profiter les plus démunis... Elle n'était plus là en simple touriste... Elle était devenue... Une vagabonde. En passant par La Capitale, elle avait aperçue son reflet, et elle se rendit compte qu'elle faisait peine à voir. Ses yeux étaient rouges après avoir pleuré une énième fois... Elle ne savait même plus si la mort de la Chancelière en était l'unique cause... Quelque part, elle pleurait aussi ce brusque retour à la réalité : toutes ces années de travail pour se rendre compte que cela n'avait servi à rien ? Que Miyerkules n'avait pas changée, et que les gens restaient égoïstes et sourds à tout appel à l'aide ? Oui, elle pleurait sur ce futur radieux qu'elle entrevoyait, et auquel elle avait désormais dit adieu... Ses cheveux blonds et toujours impeccablement coiffés étaient désormais attaché de manière désordonnée. Elle qui prenait un soin particulier à être toujours impeccable était négligée, fatiguée, et misérable. Oh, bien sûr, peut être était-ce un peu exagéré, mais elle se voyait bien loin de la réalité qu'elle avait voulu forger.
Alors, pour oublier, pour s'éloigner de la foule trop bruyante, elle quitta la ville, suivit le Fleuve Lahana et s'engouffra dans le bois d'Hiiaka et là... Là, elle se rappela d'Iris, cette jeune femme qu'elle avait vu un beau soir débouler à son café, un Evoli blessé dans les bras. Elles avaient fait connaissance depuis, et elle avait appris que non seulement elle faisait partit de l'Ordre, mais qu'elle tenait également des sources chaudes avec sa sœur... Soeur qu'elle même avait d'ailleurs affronté au tournoi... Elle n'en avait qu'un vague souvenir, mais elle s'en rappelait tout de même.. Et elle se rappelait également du lieu des Sourches Chaudes... Les Dents de la Puna, au centre de la forêt écarlate.
Alors Pandore s'y engagea, non seulement car elle avait bien besoin de trouver refuge chez des membres de l'Ordre pour partager ses craintes et ses doutes, mais également parce que... L'idée des Sources Chaudes lui semblait être excellente. Alors elle fit son petit bonhomme de chemin, s'arrêtant quand son corps l'exigeait... Jusqu'à ce qu'elle tombe sur un petit pokemon, adorable à souhait et d'une couleur anormale. En face d'elle, butinant la sève d'un arbre carmin, se tenait un Coxy éclatant. Et Pandore se rappela d'autre chose : Iris aimait les insectes. Elle prit un instant pour réfléchir... Peut être que sa visite passerait mieux si elle apportait avec elle un pokemon qu'elle pourrait lui offrir pour les sources chaudes ? D'autant que celui-ci, avec sa belle couleur étincelante, serait du plus bel effet ! .. Puis Pandore culpabilisa de traiter le pokemon comme un vulgaire objet... Alors elle se souvint de la panique de la jeune femme pour soigner un Evoli.. Et elle se tranquillisa. C'est ainsi qu'elle ordonna à Faust qui se tenait à ses côtés d'attaquer.
Le combat fut rapide, bref et inégale, l'insecte ne fit pas long feu (oui, c'est un jeu de mots), et Pandore ne tarda pas à le capturer. Elle ne lui donna pas de nom, jugeant que cette responsabilité revenait à Iris, et elle reprit son chemin.
Il lui fallut encore quelques longues heures de marche et de pauses pour arriver au sources, fourbue de courbatures, des ampoules pleins les pieds. Pour faire bonne figure, avant d'entrer, elle défit ses cheveux et tenta de les ordonner vaguement, puis, franchit finalement le seuil de la porte pour se poster à l'accueil et attendre patiemment. Lorsqu'une silhouette se présenta à elle, elle afficha un sourire aimable et éduquée avant de prendre doucement la parole.

-Bien le bonjour, initia t-elle, je voudrais, si possible, bénéficier d'une chambre dans votre établissement...

Et elle croisa ses mains sur le comptoir, détaillant les lieux avec curiosité.

Les insectes ne sont pas d'or

 

Iris Farah | Pandore Altmarine

 

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.. Urhg... La situation allait très rapidement dégénérer, Iris en était consciente. Les quelques Lépidonilles qu'elle avait ramené de ses voyages dans la région commençaient à grandir, et c'était déjà ça, ça signifiait que le business allait pourvoir repartir de façon positive, mais... mais elle avait d'autres problèmes plus gros, beaucoup plus gros.

Outre le fait que le nombre de bouches à nourrir avait drastiquement augmenté (Rose avait décidé d'adopter une gosse ramassée à Miyerkules, qui d'ailleurs commençait à reprendre du sérieux poil de la bête, c'est dingue ce qu'une meilleure alimentation et de l'hygiène basique peuvent faire de bien à un être humain tout de même), et Rose une Absol goinfre comme c'était pas permis, mais c'était le cadet de ses soucis en fait.

Non, le plus gros souci qui pesait en ce moment, et qui pesait aussi à Rose, c'était Volta. Ou plutôt ses activités hors du travail. La Ligue clandestine. Du terrorisme. Volta, accusée de terrorisme ?! Pour la rousse comme la bleue, c'était proprement inconcevable, impossible, ça tenait du délire. Et elles avaient leurs raisons de penser comme ça. La Ligue n'était pas un groupe terroriste. Si Ryujii, paix à son âme si il était bel et bien mort, en était réellement un, est ce que ce type aurait été capable de se ballader, quasiment nu, dans leurs sources chaudes ?

C'est vrai, elles ne connaissaient que peu le personnage, de ses quelques visites souvent... explosives pour ainsi dire, mais ni Rose ni elle ne le considéraient comme une mauvaise personne. Il aurait été incapable de volontairement nuire à autant de personnes. Et, elles en étaient persuadées, il était de même pour Volta. Il était hors de question de la renvoyer ou de la livrer à la police, mais ça compliquait beaucoup les choses. Parce que ça voudrait dire qu'il allait leur falloir la planquer. Aaargh. A peine était-elle rentrée que les problèmes s'entassaient déjà. Au moins, Rose ne les avait pas ruinées avec des dépenses inconsidérées !

"Iriiiiiiiiiiiiiiis ! Y a quev'qu'un qui veut une vhambre !"

Mérida avait en fait tellement repris de poil de la bête, qu'elle s'était mise, de son plein gré, à aider avec les sources chaudes. La robe que sa "mère" lui avait confectionnée cachait efficacement les traces de mauvais traitements qu'elle avait subi avant qu'elle la prenne sous son aile et dans sa botte, elle avait glissé un ouvre-lettres. Pas bien dangereux pour un couteau, mais ça avait l'avantage d'être rassurant. Elle avait du cran, alors au moindre souci, elle savait que la petite se débrouillerait très bien seule. Puis Colt, le Grahyèna, avait prs la petite en affection et la suivait un peu partout, rajoutant précaution sur précaution. Mais du coup, Iris ne quittait plus sa chambre, ces derniers temps, que dans les cas où on avait besoin d'elle. Elle était fatiguée, tentait de jongler avec des finances instables tant bien que mal, mais tenait le coup. Rose était principalement occupée en cuisine, du coup, dès qu'l était question d'une situation qui sortait un peu d'un tracé prévu, Iris prenait le relais, et descendait s'occuper de ce qui se passait.

Du coup, elle fut d'autant plus surprise de voir Pandore, que de la voir dans l'état dans lequel elle était. Là où elle se souvenait d'une jeune femme propre sur elle, qui accordait autant d'importance au fond qu'à la forme, elle voyait surtout une personne fatiguée, dévastée. Quoi qu'il s'était passé, ça avait du être un coup extrêmement dur. Et Iris pouvait à peu près deviner ce qui s'était passé. Elle était Nautilienne, et une nautilienne particulièrement fervente. Alors qu'une des autorités religieuses principales de son culte meure, assassinée aussi... froidement pour ainsi dire, avait forcément du la choquer. Laisser une trace indélébile. Réprimant un petit soupir au sujet de ce qu'elle aurait volontiers qualifié de fanatisme inconsidéré, la jeune femme fit de son mieux pour lui adresser un sourire calme et posé, tout professionnel qu'il était pour éviter de laisser transparaître une inquiétude et une curiosité toutes indiscrètes.

"Bienvenue à La Rose de l'Onde ! Il ne nous reste plus beaucoup de chambres, mais je devrai pouvoir trouver où vous mettre. Sachez aussi qu'un accès aux bains, ainsi qu'un dîner dans la salle commune ou apporté directement dans votre chambre sont compris dans le prix de toute chambre !"

Et juste après avoir sorti son petit discours, elle avait tourné les talons, faisant au passage virevolter les bords de sa robe, cherchant la clé d'une chambre libre, et de préférence pas trop chère, alors que Mérida, elle, fixait Pandore de ses grands yeux d'enfant... Evoli sur la tête.

 

Ce fut une jeune fille qui l'accueillit à la Rose de l'Onde et qui ne tarda pas à appeler d'une voix forte l'une des maîtresse du lieu. Patiente, Pandore jouant un instant avec ses doigts avant de relever les yeux pour rencontrer un visage familier et rassurant. Iris était apparue au comptoir et si elle fut surprise de la retrouver ici, le dissimula admirablement. Toute professionnelle, elle déclara :

"Bienvenue à La Rose de l'Onde ! Il ne nous reste plus beaucoup de chambres, mais je devrai pouvoir trouver où vous mettre. Sachez aussi qu'un accès aux bains, ainsi qu'un dîner dans la salle commune ou apporté directement dans votre chambre sont compris dans le prix de toute chambre !"

Cela lui fit presque de la peine. L'éloignement qu'Iris mettait entre elles alors qu'elle ne cherchait qu'à retrouver une amie, une sœur de l'Ordre lui pinça le cœur, mais elle n'en montra rien et attendit quelques instants qu'Iris choisisse une clé. Avec les économies du café, la nautilienne ne doutait pas de pouvoir se payer honorablement sa chambre, mais ce n'était pas tout. Dans sa poche reposait toujours cette pokéball d'un Coxy étincelant qu'elle ne savait pas comment offrir à Iris, surtout sous ce regard curieux posé sur elle.
Pandore détourna un instant le regard, baissant les yeux, étouffant un soupir étranglé d'un sanglot et se morigéna intérieurement. Quelle genre de gamine capricieuse était elle encore pour pleurnicher sur son sort et celui de Mitsuki... Il était temps de grandir.
Alors elle se redressa, tentant de reprendre cette carrure de Dame qu'elle avait toujours et offrit un sourire radieux à la petite fille qui l'avait accueillit, adorable avec son Evoli sur sa tête... Ce fut à ce moment là que Pandore percuta (sérieusement, je viens de percuter aussi). N'était-ce pas... ?
Déglutissant, la jeune femme prit la parole d'une voix douce.

-Ton Evoli est adorable, souffla t-elle avant de se retourner vers Iris. N'est ce pas celui que tu m'avais amené à Miyerkules ?

La réponse n'était pas si évidente, et au moins, ça aurait le mérite de combler un peu le silence qui s'était installé après la présentation d'Iris. Par la même occasion, Pandore l'avait tutoyée. Elle l'avait fait sans vraiment y penser, ça lui semblait approprié, pourtant, ça ne l'était pas forcément, mais il était désormais trop tard, et si la jeune femme n'en disait rien et lui rendait la parole de la même façon... Il n'y avait pas de quoi se plaindre !